Au fil des dernières décennies, l’économie mondiale a été secouée par des crises financières, sanitaires ou géopolitiques, révélant la vulnérabilité de nombreux placements. Pourtant, certains produits d’investissement résistent aux turbulences et suscitent même davantage d’intérêt en période d’incertitude : Les valeurs refuges.
Mises en lumière lors de la crise des subprimes en 2008, elles ont suscité l’intérêt des investisseurs, désormais en quête de sécurité. Un élan qui les a propulsés vers des niveaux parfois historiques, au rang de placements universels.
Face à des cycles économiques dont les retournements peuvent être désormais plus brusques, l’attrait des valeurs refuges s’accentue et dépasse désormais le simple rôle de préservation du capital.
Qu’est ce qu’une valeur refuge ?
Contrairement à d’autres supports d’investissement plus fluctuants, qu’ils soient immobiliers ou financiers, une valeur refuge conserve sa solidité sur le long terme, surtout lorsque l’environnement économique se détériore. Un actif ne peut être qualifié de valeur refuge que s’il parvient à maintenir la confiance alors même que l’essentiel des placements se réajuste à la baisse. Sa vocation n’est cependant pas de performer, mais de préserver la valeur dans les phases de volatilité.
Elle peut parfois même être considérée comme une source de création de valeur. En résistant là où d’autres actifs se contractent, elle prend une place grandissante dans la constitution d’un portefeuille d'investissements. L’afflux de capitaux vers ces actifs, jugés protecteurs, accroît mécaniquement leur attractivité et leur prix, les propulsant sur le devant de la scène. Plusieurs critères permettent d’identifier une valeur refuge :
- Une demande durable,
- Une rareté naturelle ou institutionnelle,
- L'universalité,
- Une faible dépendance aux marchés spéculatifs.
Mais ce statut n’est jamais garanti : un actif ne peut être considéré comme une valeur refuge que s’il préserve les qualités qui font son efficacité. Pour conserver son rôle protecteur, il doit rester fidèle à ses caractéristiques essentielles, qu’il s’agisse de son intégrité, de la manière dont il est géré ou des choix qui entourent son évolution.
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Quelles sont les différentes valeurs refuge ?
Si les biens refuge permettent de limiter l’exposition aux fluctuations économiques, encore faut-il bien les distinguer. Voici plusieurs catégories de valeurs refuge présentes sur les marchés.
Les devises qui défient les tensions économiques
Certaines monnaies peuvent être perçues comme des valeurs refuge en raison de leur solidité financière et de l'historique des pays qui les émettent. Parmi celles-ci, deux devises occupent une place privilégiée :
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Le dollar américain : Devenu au fil du temps la monnaie de référence mondiale grâce à la solidité des États-Unis et de ses institutions politiques et économiques, le dollar américain est également considéré comme l’une des valeurs refuges. Malgré une dette croissante, le pays garde la confiance de ses créanciers et maintient une devise à un niveau élevé de crédibilité. Néanmoins, ce statut est progressivement remis en cause, notamment en raison de la montée des tensions géopolitiques et de l'émergence de nouvelles puissances économiques.
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Le yen japonais : En Asie, cette monnaie est particulièrement recherchée en temps de turbulence, notamment grâce à la stabilité économique du pays. En effet, le Japon est positionné au carrefour des trois principales puissances mondiales, la Chine, la Corée du Sud et les États-Unis. Son attrait repose également sur les taux d’intérêt historiquement bas pratiqués par la Banque du Japon. Celle-ci incite les investisseurs à utiliser le yen comme devise de financement, notamment dans les stratégies de « carry trade » : il s’agit d’emprunter en yen à un taux bas pour l’investir dans d’autres devises à un rendement plus élevé.
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Le franc suisse : En Europe, il est considéré depuis longtemps comme une monnaie stable. Qualifiée de « pays des banques », en raison de la robustesse de son système financier, de sa faible dette publique, de sa fiscalité avantageuse et de sa neutralité géopolitique, la Suisse permet à la monnaie helvétique d’agir comme une véritable valeur refuge, un avantage dont les puissances européennes ne se sont jamais cachées.
Les métaux précieux, un socle historique
Les métaux précieux occupent une place centrale parmi les différentes valeurs refuge, avec notamment l’or en première position. Son statut sécuritaire s’est illustré lors du krach immobilier de 2008. Alors que les marchés mondiaux s'effondraient, le cours de l’or a gagné 3,5% sur l’année. Au terme de l’année 2025, sa valeur atteint des niveaux record, avec une once équivalant à 3.950 euros. Le métal jaune s’est, de plus, largement démocratisé, attirant l’oeil de nombreux investisseurs en quête de sécurité.
Même catégorie mais registre différent, l'argent est considéré comme un actif refuge de second plan. Moins rare et davantage soumis à des facteurs industriels, il ne profite pas de la même reconnaissance de richesse que l’or, bien que sa demande reste soutenue. Entre décembre 2024 et mars 2025, le cours de l’once d’argent a progressé de 30 euros à 53 euros, une hausse également due à son utilisation industrielle sur les marchés des panneaux solaires ou encore des équipements électroniques et éoliens.
D’autres métaux précieux, tels que le palladium et le platine, peuvent être envisagés comme des valeurs refuge relatives. Utilisés principalement dans des secteurs industriels comme l’automobile, la bijouterie ou encore l’énergie, leur valeur reste fortement corrélée à la conjoncture économique propre à ces domaines. Leur besoin dans les technologies émergentes pourraient tout de même renforcer leur statut de placement sûr.
Les obligations d’État, la valeur refuge des investisseurs prudents
Au-delà des monnaies, les investisseurs disposent également des obligations d’État pour mettre leur épargne à l’abri. Cet actif financier consiste à acheter des titres de dette auprès d’un état sur une durée définie. En contrepartie, l'État verse des revenus sous forme d'intérêts, appelés « coupons ».
Ces revenus sont garantis, ce qui octroie aux obligations le statut de placement sans risque. Les obligations d’État représentent donc une valeur refuge, notamment dans les pays à l’économie solide, capables de mettre en marche « la planche à billet ». En France, le fonds euros propose des obligations d’État, une enveloppe de l’assurance-vie initialement consacrée à ce type d’actifs financiers.
L’immobilier, une valeur refuge ancrée dans le réel
L’immobilier en Europe, contrairement au modèle pratiqué aux Etats-Unis, peut être considéré comme une valeur refugefaire partie d’une des valeurs refuge. Sa nature tangible est souvent perçue comme une protection contre l’érosion monétaire. Les prix de l’immobilier et l’indexation des loyers compensent, en effet, la baisse du pouvoir d’achat. Mais au-delà de la rentabilité, l’immobilier séduit par son utilité essentielle : celle de loger la population, quelles que soient les conditions économiques.
Les SCPI s’inscrivent d’ailleurs dans cette démarche. Conçues pour rendre l’investissement immobilier plus accessible, elles disposent de plusieurs caractéristiques qui soulignent un couple rendement risque équilibré. En agrégeant de nombreux actifs au sein de leur portefeuille, elles diluent le risque locatif. Ainsi, même en période de tensions économiques ou immobilières, les investisseurs ont jusque-là continué à percevoir leurs dividendes.
Toutefois, ce statut de valeur refuge ne peut être accordé aux SCPI que si elles maintiennent une gestion de portefeuille de qualité. Leur caractère de valeur refuge repose entièrement sur la capacité des sociétés de gestion à préserver la performance et la pertinence de leurs actifs. Certaines, notamment parmi les plus anciennes, se sont reposées sur leurs acquis, laissant vieillir leur patrimoine sans arbitrages ni réhabilitations nécessaires.
Les biens immobiliers, qui constituent donc le socle des SCPI, ne sont pas à l’abri d’une dégradation de leur valeur patrimoniale. Même les meilleures SCPI présentent un risque en perte de capital. De plus, ni le rendement ni le prix de part ne sont garantis par les sociétés de gestion en charge des SCPI. Les parts peuvent également être plus difficiles à vendre pour certaines SCPI de rendement, notamment pour les plus historiques.
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Objets d'exception, quand la passion devient refuge
En parallèle des produits dits traditionnels, d’autres biens se font une place sur le marché de l’investissement : les actifs alternatifs. Ceux-ci concernent un large panel de biens comme les pièces d’art, les montres de luxe, les vins d’exception ou encore les cartes de collection. Ce sont des produits vers lesquels les investisseurs se tournent en raison de leur nature :
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Les œuvres d’art sont souvent considérées comme une valeur refuge en raison de leur tangibilité et de leur indépendance vis-à-vis des marchés financiers. Ces pièces offrent également une portée culturelle et sociale. Cependant, le cours d'une œuvre d'art reste subjectif et peut fluctuer en fonction de la demande et des courants artistiques. Contrairement à d’autres produits, le marché reste assez niche, la liquidité dépend donc de l’offre et la demande.
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Les montres de luxe ont longtemps été perçues comme des actifs prisés par une classe sociale aisée. S’il était un temps vrai, leur marché s’est toutefois démocratisé avec une demande croissante et la rareté des modèles. Cependant, la multiplication des reventes sur le marché secondaire, combinée à la poussée du consumérisme, a entraîné une baisse de la valeur de certaines pièces. Pour autant, les modèles en édition limitée et au symbole fort continuent de préserver leur valeur.
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Certains jouets de collection connaissent un véritable essor sur le marché secondaire, tels que les cartes. Depuis les années 1990, ces jeux sont devenus un phénomène culturel qui passionne des générations de fans. Imprimées en édition limitée, les cartes étaient autrefois perçues comme un simple hobby. Elles se sont désormais transformées en produits d’investissement à part entière, attirant aussi bien les passionnés que les spéculateurs sur fond de nostalgie.
Les limites des valeurs refuge
Peut-on vraiment tout miser sur les valeurs refuge ? Si ces actifs sont souvent perçus comme des repères stables en temps de crise, ils ne sont pas pour autant infaillibles. Derrière l’image rassurante qu’ils véhiculent se cachent plusieurs limites qu’il convient de ne pas ignorer, comme la liquidité et la volatilité. Leur valeur peut fluctuer significativement en fonction du contexte économique ou géopolitique.
Par ailleurs, la rentabilité de ces placements laisse souvent à désirer. Et, certains investissements sont parfois désignés à tort comme des refuges de capitaux. C’est le cas du bitcoin, souvent qualifié « d’or numérique ». Sa volatilité extrême et sa forte exposition à la spéculation en font pourtant un actif encore bien trop risqué pour jouer le rôle de placement refuge.
La finance n’a rien d’un miracle et le risque court toujours. C’est pourquoi la clé d’un investissement réussi ne réside pas dans la recherche d’une valeur refuge unique, mais dans la diversification de son patrimoine. Répartir ses investissements entre plusieurs types d’actifs paraît donc la meilleure stratégie pour sécuriser ses capitaux.
Titulaire d’une licence d’histoire à Paris 1 Panthéon Sorbonne, elle démarre sa carrière de journaliste et rejoint les équipes de France SCPI en tant que rédactrice Web SEO, et ce, pour valider un master à l’ISFJ - l’Institut Supérieur de...
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